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Alors que le Tchad est encore sous le choc des événements tragiques survenus dans le village de Mandakao, situé dans la province du Logone Occidental, qui ont coûté la vie à plus de quarante personnes, une autre menace sournoise s’installe : celle des discours de haine sur les réseaux sociaux. Facebook, TikTok, X (anciennement Twitter) et autres plateformes sont devenus le théâtre d’une violence verbale inquiétante qui fragilise davantage la cohésion nationale.

Depuis ces tragédies, l’opinion publique reste meurtrie, et une enquête judiciaire est en cours pour établir les responsabilités. Pourtant, en parallèle, certains internautes n’hésitent pas à souffler sur les braises de la division. Des messages incitant à la haine communautaire, à la scission du pays entre le Nord et le Sud, ou attaquant des groupes religieux et ethniques précis pullulent sur les réseaux sociaux.

Quand le choc laisse place à la haine

Des publications allant jusqu’à se réjouir des morts à Mandakao, d’autres partageant des cartes fictives d’un Tchad divisé, circulent en toute impunité. Ce climat de haine numérique traduit une fracture profonde au sein de la société tchadienne et expose au grand jour la fragilité du vivre-ensemble.

Le Tchad, riche de sa diversité – qu’elle soit religieuse, ethnique ou culturelle – ne peut se permettre de sombrer dans les pièges d’un repli identitaire dangereux. Musulmans, chrétiens, animistes, populations du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Centre, tous sont concernés par ce malaise social qui s’exprime avec une violence inédite sur Internet.

Le rôle crucial des autorités et des médias

Face à cette montée inquiétante de discours haineux, les autorités tchadiennes, en particulier celles en charge de la communication et des technologies de l’information, sont appelées à agir de toute urgence. La régulation des contenus en ligne, l’identification et les poursuites des auteurs de propos haineux, ainsi que la sensibilisation des citoyens à une utilisation responsable des médias sociaux, deviennent impératives.

Dans un pays déjà confronté à des défis politiques, économiques et sécuritaires majeurs, il est vital de préserver la cohésion nationale. Les réseaux sociaux ne doivent pas devenir des armes de destruction sociale, mais des outils de dialogue, d’information et de paix.

Un appel à l’unité

Le vivre-ensemble tchadien, si précieux, est aujourd’hui mis à rude épreuve. Plus que jamais, un sursaut collectif est nécessaire : des autorités, des leaders religieux et communautaires, des journalistes, des enseignants, des artistes et de chaque citoyen. Le silence ou l’indifférence face à la haine en ligne est une forme de complicité.

Il ne s’agit pas seulement de condamner, mais d’éduquer, de réguler et de reconstruire la confiance entre les citoyens. Le drame de Mandakao doit être un point d’arrêt et non le début d’un cycle de vengeance et de division.

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