Tout a commencé le 03 février dernier quand le président Macky Sall a jeté le pavé dans la mare en annonçant le report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024 alors que la campagne électorale devrait débuter le lendemain de sa déclaration, c’est-à-dire le 04 février. Cela a provoqué un tollé général notamment chez les adversaires politiques du président Macky Sall qui ont vu en cela une manœuvre pour rester au pouvoir au-delà de la date du 02 avril, date à laquelle M. Macky Sall doit céder le pouvoir à son successeur puisqu’il est à son deuxième et dernier mandat à la tête du Sénégal.
Les adversaires du Président Macky Sall n’ont pas totalement tort en soupçonnant qu’il veut rester au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel car le lendemain de sa déclaration, l’assemblée nationale sénégalaise vote une loi pour prolonger son mandat jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle.
L’opposition et la société civile qui sont vent débout contre cette prorogation de ce mandat ont introduit un recours auprès du constitutionnel pour demander l’annulation du report de l’élection présidentielle. Quelques semaines plus tard, le conseil constitutionnel donne raison à l’opposition et demande au président d’organiser l’élection avant la date du 02 avril.
Ne pouvant ramer à contre courant de la décision des juges constitutionnels, le pouvoir sénégalais organise un dialogue à l’issue duquel la date de l’élection présidentielle est fixée pour le 02 Juin. Cette proposition soumise au conseil constitution n’a pas reçu l’agrément des juges constitutionnels qui fixent la date de l’élection présidentielle pour le 31 mars. Finalement et pour couper court, le gouvernement sénégalais a opté pour organiser l’élection présidentielle le 24 Mars 2024 et la campagne électorale a commencé le 09 mars.
Un pouvoir judiciaire non assujetti à l’exécutif !
C’est une grande leçon de démocratie, de séparation de pouvoir et de non assujettissement que le pays de la Téranga vient d’administrer à l’Afrique. Le Sénégal, à travers son conseil constitutionnel, s’impose en Afrique francophone comme une démocratie pleine avec séparation de pouvoir sans assujettissement du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif. Il n’est pas évident d’arriver à un tel dénouement dans d’autres pays africains francophones.
La vitalité de la démocratie réside dans ses institutions qui doivent être fortes pour résister aux manœuvres politiciennes de conservation et confiscation illégale du pouvoir. Ce qui s’est passé au Sénégal rappelle les propos de Barack Obama qui disait que : « l’Afrique n’a pas besoin des hommes forts mais des institutions fortes ». Mais les institutions ont beau être fortes sans des hommes courageux. Il est important de saluer le courage des membres du conseil constitutionnel sénégalais qui ont osé dire le droit pour le triomphe de la démocratie.