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En visite de supervision des travaux de curage des caniveaux ce mercredi 11 juin 2025 dans plusieurs quartiers de N’Djamena, le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mahamat Assileck Halata, s’est retrouvé au cœur d’une vive polémique. En cause : une déclaration faite en arabe qui continue de faire couler beaucoup d’encre.

À l’issue de sa descente sur le terrain, le ministre s’est exprimé devant la presse en français. Mais face à la demande de certains journalistes arabophones souhaitant l’entendre également en arabe, le ministre, visiblement agacé, a lâché la phrase suivante en arabe : « Vous nous emmerdez avec votre langue arabe ». Cette sortie a rapidement enflammé les réseaux sociaux et les médias locaux, notamment dans la communauté arabophone.

Un propos jugé déplacé, malgré des explications

Bien que Mahamat Assileck Halata ait accepté par la suite de s’exprimer en arabe, ses propos ont été perçus par de nombreux Tchadiens comme un manque de respect envers l’une des deux langues officielles du pays. L’indignation a été d’autant plus forte qu’il est lui-même issu de la communauté arabophone. Dans une tentative d’apaisement, le ministre est revenu sur ses propos lors d’une interview. Il y a dénoncé un « montage partiel » de la vidéo qui ne montre pas l’ensemble de ses interventions, soulignant que ses paroles ont été sorties de leur contexte.

Un débat récurrent sur le bilinguisme

Cet incident remet sur la table la question sensible du bilinguisme au Tchad. Pays officiellement bilingue depuis l’indépendance, le Tchad reconnaît l’arabe et le français comme langues officielles. Dans la pratique, cette cohabitation linguistique est souvent source de tensions, notamment dans l’espace public, les médias, et les institutions.

La déclaration du ministre, bien qu’isolée, vient illustrer les difficultés de mise en œuvre d’un bilinguisme équilibré. Pour certains observateurs, cet incident souligne la nécessité d’une meilleure sensibilisation des responsables publics à l’importance de respecter l’équilibre entre les deux langues. D’autres y voient l’expression d’un malaise plus profond quant à la place réelle accordée à l’arabe dans l’administration et les services publics.

Vers une obligation de maîtrise des deux langues pour les autorités ?

Alors que les réactions continuent de se multiplier, une question revient avec insistance : faut-il exiger des responsables publics une parfaite maîtrise des deux langues officielles ? Pour plusieurs internautes et analystes, la réponse est oui.

En attendant, l’affaire Mahamat Assileck Halata laisse un goût amer et risque de marquer durablement les débats sur l’identité linguistique et la cohésion nationale au Tchad.

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