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Dans une récente interview donnée au média allemand Deutsche Welle, le candidat des Transformateurs, Dr. Masra Succès, a exprimé son ambition de transformer le Tchad en une “startup nation” si les électeurs lui accordent leur confiance lors de la prochaine élection présidentielle du 06 mai. Une annonce qui a suscité une vague de scepticisme parmi les observateurs et la population tant la proposition semble déconnectée des réalités et des urgences auxquelles le pays est confronté.

Cette idée de faire du Tchad une “startup nation” n’est pas sans rappeler la promesse similaire faite par Emmanuel Macron pour la France en 2017. Si l’initiative a pu susciter un certain enthousiasme dans les milieux entrepreneuriaux français, l’importation de ce modèle au Tchad par Masra apparaît comme une promesse hors-sol et irréaliste. Le Tchad, avec ses défis structurels et immédiats, a des priorités bien plus pressantes que de se rêver en nouvelle Silicon Valley du Sahel.

Premièrement, le pays est confronté à des défis économiques et sociaux majeurs, tels que la pauvreté, le chômage, l’accès limité à l’éducation et à la santé, ainsi que la nécessité de renforcer les infrastructures de base.

Deuxièmement, le concept de “startup nation” repose sur un écosystème d’innovation et d’entrepreneuriat qui nécessite un accès généralisé à l’internet et aux technologies de l’information, un cadre légal et fiscal favorable, ainsi qu’un système éducatif capable de produire des talents dans les domaines de la technologie et de l’innovation. Or, le Tchad doit encore accomplir des progrès significatifs dans ces domaines pour prétendre au statut de “startup nation”.

Enfin, la promesse de Masra, bien qu’ambitieuse, semble ignorer les aspirations premières des Tchadiens. Ceux-ci réclament avant tout la stabilité, la sécurité, l’accès aux services de base et des opportunités économiques tangibles qui peuvent améliorer leur qualité de vie sur le court et moyen terme. La vision de Masra, bien que tournée vers l’avenir, risque de passer à côté des besoins immédiats de la population.

En conclusion, si l’ambition de transformer le Tchad en une “startup nation” peut être louée pour son audace, elle apparaît néanmoins comme une promesse décalée, voire déconnectée des réalités du pays. Avant de rêver à un futur numérique et innovant, le Tchad et ses dirigeants doivent s’atteler à résoudre les problèmes fondamentaux qui entravent le développement et le bien-être de sa population.

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