Depuis quelques semaines, la situation au sein de l’équipe nationale du Tchad suscite une inquiétude grandissante. Après l’élimination prématurée de la sélection tchadienne des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, au Maroc, une série de retraits de joueurs a fait surface sur les réseaux sociaux, exacerbant une crise déjà bien présente dans le football tchadien.
Une série de retraits inquiétants
Le premier à annoncer son retrait a été l’attaquant et capitaine de l’équipe, évoluant à Samsunspor en Turquie, qui a décidé de faire une pause afin de se concentrer sur sa carrière en club dès le 21 novembre 2024. Une décision qui n’a pas tardé à en entraîner d’autres. La semaine dernière, des joueurs comme le gardien Allambatnan Gabin, Mbangossoum Eric, Amine Hiver et Amed Ngoumyamsa ont suivi cet exemple, préférant se consacrer à leur carrière professionnelle en club plutôt qu’à l’équipe nationale.
Amine Hiver, attaquant du club Zesco United en Zambie, a exprimé son mécontentement sur Facebook : « Aucun projet sérieux pour faire avancer notre équipe nationale Sao, mais quand les résultats ne suivent pas, ce sont les joueurs qu’on pointe du doigt. Pour l’instant, je préfère me concentrer sur ma carrière ». Ce message résonne comme un cri du cœur et souligne le malaise profond qui touche les joueurs et le football tchadien dans son ensemble.
Une crise révélatrice des problèmes structurels
Cette crise ne fait que mettre en lumière les difficultés chroniques auxquelles est confronté le football au Tchad. En dépit de la passion et des talents des joueurs, le pays n’a jamais réussi à se qualifier pour une phase finale de la CAN, le plus grand des tournois de football africain. Les infrastructures sportives font cruellement défaut, tout comme des centres de formation dignes de ce nom. La fédération tchadienne, en dépit de quelques efforts, peine à apporter une structure stable et professionnelle à son équipe nationale. Ce manque de soutien et de vision est au cœur de l’exaspération des joueurs, qui semblent perdre espoir face à un projet de football national flou et sans avenir immédiat.
Une sortie de crise est-elle possible ?
Malgré les tensions actuelles, une sortie de crise reste possible. La fédération tchadienne de football (FTFT) doit impérativement prendre en main la situation avant qu’elle ne devienne irréversible. Le récent changement de sélectionneur, avec la nomination de Tahir Zakaria en remplacement de Kevin Nicaise semble aggraver la situation. La rapidité des retraits des joueurs pourrait bien signifier un manque de confiance envers la fédération et ses projets.
Cependant, tout n’est pas perdu. La première étape cruciale pour une résolution de cette crise consiste à ouvrir un dialogue sincère et constructif avec l’ensemble des acteurs du football tchadien, en particulier les joueurs. Une réunion avec ces derniers, y compris ceux qui ont décidé de se retirer, pourrait permettre de clarifier les malentendus, de recoller les morceaux et de renforcer la cohésion au sein de l’équipe nationale.
Ensuite, il est impératif que la fédération propose un projet concret à court, moyen et long terme. Ce projet doit être centré sur la professionnalisation du football tchadien, l’amélioration des infrastructures et la mise en place d’un système de formation rigoureux. L’objectif est de redonner confiance aux joueurs, mais aussi à la population et aux supporters, dans l’avenir de l’équipe nationale.
Un appel à l’action
Le Tchad, tout comme d’autres nations en développement, à un potentiel considérable. Cependant, pour qu’il se concrétise, il est indispensable que les autorités sportives prennent des mesures décisives pour éviter l’effritement de l’équipe nationale. Cette crise est un signal d’alarme qui doit être pris au sérieux. Avec la volonté de tous les acteurs et une vision claire et ambitieuse, le football tchadien pourrait renaître de ses cendres et commencer à envisager, à terme, une qualification à une phase finale de la CAN. Une telle aventure serait non seulement un rêve pour les joueurs et les supporters, mais aussi un moteur pour le développement du sport dans le pays.
Dans les prochains jours, la fédération devra donc agir vite et avec détermination pour éviter un exode massif des talents et permettre à l’équipe nationale de se relever, malgré les obstacles. L’avenir du football tchadien pourrait dépendre de cette réponse immédiate et de l’engagement de chacun dans la construction d’un avenir meilleur.