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 Ce dimanche 6 avril 2025, un communiqué officiel des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à savoir le Burkina Faso, le Niger et le Mali a annoncé la décision de rappeler leurs ambassadeurs en Algérie, marquant ainsi une nouvelle étape dans la dégradation des relations entre ces nations. Ce geste diplomatique fait suite à des accusations graves portées par le Mali à l’encontre de l’Algérie, qui aurait abattu un drone malien survolant son espace aérien.

La polémique remonte au 1er avril 2025, lorsque les autorités algériennes ont affirmé avoir intercepté et détruit un drone de reconnaissance armé qu’elles considéraient comme une violation de leur espace aérien. Cependant, les autorités maliennes, qui ont récemment pris le pouvoir après deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, ont vigoureusement rejeté cette version des faits. Dans un communiqué publié après une enquête interne, le Mali a déclaré que l’incident était le résultat d’une “action hostile préméditée” de l’Algérie, sans toutefois fournir de preuves directes de cette affirmation.

Les autorités maliennes ont expliqué que l’épave du drone a été localisée à seulement 9,5 kilomètres au sud de la frontière avec l’Algérie, dans une zone qu’elles considèrent comme étant entièrement sur leur territoire. De plus, selon le communiqué du ministère malien des Affaires étrangères, l’analyse des lieux suggère que le drone serait tombé de manière “verticale”, ce qui ne pourrait, selon le Mali, résulter que d’une attaque menée par des missiles sol-air ou air-air. Cette interprétation est en totale contradiction avec celle d’Alger, qui avait initialement présenté l’incident comme une simple mesure de défense contre une violation de son espace aérien.

Dans la foulée de ces accusations, le gouvernement malien a pris plusieurs mesures diplomatiques fortes. Parmi celles-ci, la convocation immédiate de l’ambassadeur d’Algérie pour lui faire part de la protestation officielle malienne et l’annonce d’un retrait, avec effet immédiat, du Mali du Comité d’État-major conjoint (Cemoc). Ce dernier regroupe les forces armées du Sahel dans le cadre d’une coopération régionale pour lutter contre le terrorisme et promouvoir la stabilité dans la région.

Les tensions entre l’Algérie et le Mali risquent d’avoir des conséquences importantes pour la coopération régionale au Sahel. L’AES, qui regroupe également le Burkina Faso et le Niger, s’est fermement positionnée aux côtés du Mali, ce qui pourrait compliquer davantage la situation géopolitique dans cette zone déjà fragile.

Le contexte de cette crise intervient dans un environnement politique et militaire particulièrement tendu. En effet, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont actuellement engagés dans une lutte acharnée contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région, et leurs relations avec les autres pays du Sahel, ainsi qu’avec les puissances extérieures, sont de plus en plus marquées par des divergences d’intérêts.

L’Algérie, pour sa part, n’a pas encore réagi officiellement à cette décision de l’AES, mais il est évident que cette crise pourrait peser sur les dynamiques de sécurité dans le Sahel. Le maintien de la stabilité et la gestion des menaces terroristes dans la région dépendront désormais en grande partie de la manière dont cette situation diplomatique sera résolue. Les mois à venir pourraient bien être décisifs pour l’avenir de la coopération régionale dans le Sahel.

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