Dans un communiqué publié ce dimanche, l’Association des Médias en Ligne du Tchad (AMET) a vivement critiqué les décisions récentes de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), l’organe régulateur des médias au Tchad. Ce communiqué, signé par le vice-président de l’AMET, Djimet Wiché, exprime une inquiétude croissante face à ce que l’association considère comme un ensemble de décisions arbitraires et de pratiques qui nuisent à la liberté de la presse et à la survie économique des médias privés dans le pays.
L’AMET a tout particulièrement dénoncé la mise en demeure de la chaîne Tchadinfos TV et FM par la HAMA, accusée de diffuser des contenus publicitaires non conformes aux régulations en vigueur. L’association a souligné que, dans un contexte économique déjà difficile pour les médias privés, les revenus publicitaires constituent une source vitale pour leur fonctionnement et leur survie. De ce fait, ces décisions de la HAMA sont perçues comme une forme de “harcèlement” et ‘’d’asphyxie économique” qui risquent de porter un coup fatal à ces médias indépendants.
Par ailleurs, l’AMET a exprimé sa préoccupation face au silence de la HAMA concernant la détention prolongée de plusieurs journalistes tchadiens, notamment Olivier Monodji, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et correspondant de RFI, arrêté il y a un mois sous des accusations floues et graves. L’AMET dénonce l’inaction de la HAMA, qui, selon l’association, aurait dû intervenir pour défendre les droits des journalistes et protéger leur liberté d’expression. Ce silence est jugé comme “assourdissant” et incompatible avec le rôle de régulateur de la HAMA, qui, selon l’AMET, devrait être un défenseur de la presse et des journalistes face aux abus.
Le communiqué de l’AMET rappelle fermement que la liberté d’expression et la liberté de la presse sont des droits fondamentaux garantis par la Constitution tchadienne ainsi que par les instruments internationaux. L’association appelle ainsi les autorités de régulation à revoir leurs priorités en mettant l’accent sur la protection des journalistes, la défense du pluralisme médiatique et la promotion d’un environnement médiatique sain. Elle critique ce qu’elle considère comme des “règlements de comptes” qui nuisent à la démocratie et à la pluralité des voix dans les médias.
L’AMET a également soulevé la question de la mauvaise gestion de la Maison des Médias, ainsi que l’absence de convocation de son Assemblée Générale. Ces manquements ont engendré des tensions internes au sein de la structure, ce qui soulève des interrogations sur la transparence et la bonne gestion des fonds publics destinés à soutenir la presse. L’association a demandé une enquête indépendante sur la répartition de l’aide à la presse, qu’elle estime marquée par un manque de clarté et de critères de distribution douteux.
Face à cette situation, l’AMET a formulé plusieurs propositions, dont la levée immédiate de la mise en demeure contre Tchadinfos TV et FM, la libération sans condition des journalistes actuellement détenus, la tenue urgente de l’Assemblée Générale de la Maison des Médias, et une enquête indépendante sur la gestion de l’aide à la presse.
L’AMET a réaffirmé son engagement à défendre une presse libre, indépendante et professionnelle, essentielle pour garantir la démocratie et la transparence dans le pays.